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Cet article est écrit avec Riposte-CTE (voir leur site ici), il s'inscrit une suite d'articles retraçant l'histoire des luttes de chômeurs
La première vague des luttes de chômeur, c'était l'auto-production suite aux fermetures d'usines (voir Glaverbel ici et Lip ici, par exemple).
- Luttes dans les usines
La deuxième vague a déferlé dans les usines: la lutte pour les 36 heures et la pension à 60 ans (voir les ACEC de Charleroi ici, les travailleurs ont obtenu les 36 heures par étape, sans création de poste d'emploi et par augmentation de la productivité).
Extrait du journal de l'UCLMB, 18/9/75 |
- Les comités de chômeurs
À partir de 1976, il se crée des comités de chômeurs. Ils reprennent la tradition communiste des années 30 (voir Guy Vanthempsche, Le Chômage en Belgique de 1929 à 1940, son histoire, son actualité et l'article sur le pacte social ici): à ce moment-là, il n'y avait que les communistes qui organisaient les chômeurs. En Belgique, on appelait le Parti Communiste, le Parti des Chômeurs. Ces comités sont créés par ce que les sociologues appellent des gauchistes, c'est-à-dire les mouvements trotskyste, anarchiste et marxiste-léniniste. La revendication principale était la lutte contre les exclusions (c'était l'article 143 à l'époque - voir ici), les 36 heures et la pension à 60 ans.
L'article 143 prévoyait l'exclusion du bénéfice des allocations des chômeurs cohabitants de longue durée - y compris les travailleurs à temps partiel. Cette mesure pénalisait essentiellement les femmes en ménage.
- Les TSE
À Charleroi, en 76 toujours, un comité est créé par des militants syndicaux de base mais ce comité reste isolé en Belgique. Il lutte contre les exclusions et revendique l'abolition de l'article 143, la suppression des enquêtes à domicile et le droit au travail.
Ce comité ne tiendra que quelques années du fait du turnover des formations, des stages - c'était tous des jeunes. Suite à quelques actions d'occupation symbolique de l'ONEm, le comité obtiendra quelques améliorations dans les locaux de pointage.
À l'époque, les chômeurs devaient pointer tous les jours, souvent dans des locaux délabrés.
À partir de 1980, les syndicats revoient leur analyse sur le chômage qui ne cesse d'augmenter. Ils arrivent à la conclusion que c'est un chômage structurel, conclusion qui s'imposait après deux siècles.
- Le Werklosenbond
En Flandre, un Werklosenbond (un syndicat de chômeurs) se crée au début des années 1980. Il donne comme consigne, afin de diminuer les frais de logement, de cohabiter, de vivre à plusieurs. En riposte à ce mouvement-là, le gouvernement de l'époque crée un nouveau statut, les cohabitants.
Beaucoup de membres du Werklosenbond seront accusés de fraude sociale et perdront plusieurs procès. Le Werklosenbond s'écroule financièrement.
À cette période, des militants syndicalistes chômeurs créent le premier comité TSE, Travailleurs sans emploi.
Les principales revendications des comités TSE: suppression de l'article 143, réduction du temps de travail, élection de délégués chômeurs. Mais les dirigeants syndicaux s'opposent à cette dernière revendication et à la suppression de l'article 143. C'est ainsi que Monsieur J.-C. Vandermeeren, secrétaire national de la FGTB déclare le 23 mars 1983:
Si on supprime l'article 143, les libéraux vont proposer la limitation dans le temps des allocations de chômage [il y a trente ans!].Or, il faut savoir qu'à la même époque, l'administrateur général de l'ONEm, Maurice André est aussi président de la CGSP Tournai, une centrale de la FGTB.
Quant à l'autre grand syndicat belge, le syndicat chrétien, la CSC, elle
accepte le principe de contrôle mais pas de pointage.Le pointage sera effectivement supprimé mais bien des années plus tard.
L'article 143 prévoyait l'exclusion du bénéfice des allocations des chômeurs cohabitants de longue durée - y compris les travailleurs à temps partiel. Cette mesure pénalisait essentiellement les femmes en ménage.
- Luttes et sabotages syndicaux
En 1986, le comité TSE FGTB Charleroi occupe l'ONEm pendant sept jours contre la diminution des allocations de chômage pour certaines catégories de chômeurs qui tombent au forfait minimum et contre l'article 143. Cette fois, l'action ne remporte pas de vrai succès.
La FGTB nationale et la CSC-Femmes organisent une manifestation à Bruxelles sur les mêmes revendications (abrogation de l'article 143 et contre la diminution des allocations de chômage pour certaines catégories). Il y a 8000 personnes.
Les comités TSE aussi bien de la FGTB que CSC se plaignent beaucoup du manque de soutien des centrales et, à la FGTB, ils proposent de créer une centrale des cLes chômeurs qui ne cherchent pas d'emploiLes chômeurs qui ne cherchent pas d'emploihômeurs, ce qui sera refusé par le congrès.
[Sur ces questions voir notre article sur la démocratie syndicale ici]
À Charleroi, les TSE organisent des élections sociales au bureau de pointage. Ces élections ne seront pas validées par les dirigeants syndicaux alors qu'un délégué a été élu.
- Les chômeurs qui ne cherchent pas d'emploi
En 1988, un nouveau type de chômeur apparaît - principalement des sidérurgistes ou des métallurgistes, des secteurs à forte tradition syndicale - âgé de plus de 50 ans mais n'ayant pas droit à la prépension (c'est alors 56 ans). Ces chômeurs spécifiques réclament:
- une allocation plus élevée que les 60%: vu les nombreuses années de cotisation, cette allocation doit être majorée
- de ne pas être demandeur d'emploi (à leur âge, ils ne peuvent plus être embauchés).
Pour soutenir leurs revendications, ils organisent une manifestation où il y a 2500 personnes et une occupation d'un jour de la FEB (Fédération des Employeurs de Belgique). Leurs revendications aboutissent en 1993.
En 1991, l'article 143 devient l'article 80 sans que rien ne change fondamentalement. Les chômeurs cohabitants de longue durée sont toujours exclus - ce qui affecte surtout les femmes en ménage.
En 1994, la CSC et quelques sections FGTB organisent une manifestation à Bruxelles où il n'y a plus que mille personnes. La lutte des TSE a marqué le pas à cette période jusqu'au milieu de 1995.