Les effets du chômage

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Nous rappelons que le chômage est l'autre face de l'emploi, il est le pendant de la violence de la convention de production qui attribue aux seuls propriétaires la possibilité d'employer quelqu'un, de qualifier son poste, de déterminer son existence économique et sociale au nom de la seule propriété lucrative.

Sur le blogue de Marianne, David Cayla nous explique les effets économiques du chômage. Synthèse et lien ici.

Pour les 3 millions de chômeurs complets et pour les 2 millions de chômeurs partiels, de précaires:
Pour toutes ces personnes, le chômage représente à la fois une perte de revenus, une situation professionnelle précaire qui leur interdit de se projeter dans l'avenir, et conduit parfois à la désocialisation. Au delà de ces effets immédiats, le chômage se traduit également par une perte future. L'absence d'emploi implique moins de cotisations et donc une moindre pension de retraite plus tard, tandis que la réinsertion professionnelle sera d'autant plus difficile que les « trous » dans le CV seront vus avec suspicion par de futurs employeurs.
 Pour les employés en concurrence avec les chômeurs:
Dans ces conditions, il ne faut pas seulement être rapide, il faut avoir de la chance et même, quelques fois, savoir pousser les autres. Aussi, le chômage détruit-il les solidarités entre travailleurs, affaiblit les syndicats et pousse les salariés en emploi à mettre en sourdine leurs revendications. Par peur du chômage, ils oublient de réclamer le paiement d'heures supplémentaires, de négocier une hausse de salaire qui compenserait l'inflation, et acceptent une intensification du travail sans broncher. Via les accords compétitivité-emploi1, ils peuvent même à présent subir des diminutions de salaires horaire, pourvu que l'accord soit majoritairement accepté par les salariés. En somme, le chômage touche les salariés du secteur privé tout comme il touche les chômeurs : il limite leurs revenus et leur pouvoir d'achat et il insécurise l'emploi et les carrières.
 Les fonctionnaires eux-mêmes seront sur-qualifiés et sous-payés puisque les travailleurs qualifiés vont se battre pour un poste dans la fonction publique.
Plus le niveau de chômage est élevé, plus les candidats sont nombreux aux concours de la fonction publique, en particulier pour les concours les plus accessibles. Or, si davantage de candidats se présentent à un concours, leur chance de succès individuelle devient plus faible. Aussi, il faut parfois bien plus que les compétences exigées formellement pour réussir un concours. 
 Les retraités, les invalides voient leurs revenus menacés par le chômage.

Le niveau du chômage pèse également sur les retraités, les familles et les malades, sur tous ceux dont les revenus et le niveau de vie dépendent de la sécurité sociale. En effet, moins d'emploi signifie mécaniquement moins de recettes pour les caisses de la sécurité sociale et donc l'apparition ou l'approfondissement des déficits. Ainsi, ces baisses de recettes conduisent presque mécaniquement les gouvernements à lancer des plans d'économie qui se traduisent immanquablement par des baisses du niveau des pensions ou des allocations, ou par des déremboursements.
 Les entreprises pâtissent aussi du chômage (mais oui!). Comme les salaires diminuent avec le chômage, le carnet de commande des entreprises innovantes, peu exportatrices se dégonfle. Par contre, les entreprises qui emploient de la main-d’œuvre faiblement qualifiée, qui bénéficient de rentes financières ou de rentes de situation profitent du chômage.

En somme, le niveau du chômage est largement défavorable aux ménages, mais peut être profitable pour certaines entreprises créancières, pour celles dont l'activité est majoritairement tournée vers l'étranger (certaines grandes entreprises), pour celles qui sont intenses en main d’œuvre et qui investissent peu (les services, la distribution), pour celles qui ne prennent pas de risque et dont les revenus futurs sont peu sensibles à la conjoncture. En deux mots, le chômage avantage principalement les secteurs économiques dont l'activité est tournée vers la rente et désavantage tout le reste de la société, y compris les entreprises qui sont les plus innovantes et qui investissent le plus.