Drogue

La drogue est définie par Wikipédia comme

un composé chimique, biochimique ou naturel, capable d'altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. La consommation de drogues par l'homme afin de modifier ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions physiologiques et ses états de conscience n'est pas récente. Certaines drogues peuvent engendrer une dépendance physique ou psychologique. L'usage de celles-ci peut avoir pour conséquences des perturbations physiques ou mentales. Pour désigner les substances ayant un effet sur le système nerveux, il est plus généralement question de psychotrope.
 Ces substances ont un rapport avec l'emploi sous trois aspects.

  •  Le désespoir

Le désespoir induit par la logique de l'emploi induit une tendance à la consommation morbide de psychotropes. Ce besoin de fuite désespérée s'explique par:

- l'injonction paradoxale du travail dans l'emploi (faire bien versus faire vite)
- le manque de sens de l'emploi, la culture de l'absurde dans laquelle l'esprit vénal constitue un horizon indépassable
- l'impératif de soumission à la logique du profit, aux propriétaires lucratifs et à leurs managers

  • La performance

Les drogues peuvent aussi soutenir les performances, aider à tenir les exigences de rythme, de productivité. Elles servent alors de soutien à la production, elles constituent alors une externalisation de la pression de l'emploi dans la santé, dans le corps-même du salarié.

Il peut s'agir de cocaïne, de café ou, plus simplement, d'alcool consommé pour tenir le coup face à la pénibilité du travail, pénibilité liée à l'impératif de productivité, à la pression des propriétaires lucratifs.

On boit, on sniffe pour tenir bon face aux humiliations d'un management sadique, face à l'atomisation des producteurs, face à la solitude du travail prolétarisé, du travail rationalisé.

On boit, on sniffe pour supporter la fatigue physique et nerveuse de monde de l'emploi, pour oublier la soumission à des impératifs inhumains. On oublie qu'on viole ses propres codes moraux, qu'on se bat contre ses camarades, contre celles et ceux qui sont dans la même situation.

On boit, on sniffe pour supporter le contre-maître, la voix informatisée qui donne les injonctions, pour supporter la pression du chiffre dans ce qui fut la fonction publique, pour tenir face à la compétition de tous contre tous, usante, sans fin.

  • L'addiction

L'emploi lui-même peut remplir un rôle équivalent à celui d'une substance psychotrope. Comme l'emploi demande des sacrifices énormes, en terme de vie affective, familiale, personnelle, comme il lamine toute vie hors de son cadre, il fragilise le moi du salarié. Le moi n'a plus de prise sur le monde hors emploi, il n'a plus d'incarnation dans une forme de vie, dans une vie affective et sociale quelconque. En état de choc, il remplit ses besoins d'enracinement, de sécurité affectives, il remplit sa peur du vide, du néant dans les relations socio-économiques factices du travail sous emploi.

Ces relations créent de facto un besoin, une relation de dépendance au travail que l'on nomme en anglais le workholism. Le travail devient un besoin, besoin de combler le manque, le vide que l'emploi a lui-même organisé, besoin de fuir la vie de famille, la vie affective que l'emploi a lui-même sabordées.

De telle sorte que l'emploi devienne la maîtresse insatiable et ingrate du salarié sans autre recours dans son existence que la prison de la toile-même qui en a congédié le sens.