Management

  • Définition
Les modèles de production, taylorisme, fordisme, toyotisme et hondisme sont développés ici.

Ensemble de techniques pour gérer la main d’œuvre afin d'en extraire un maximum de profit. Le management entend maximiser la production de valeur ajoutée à l'heure par les producteurs.

Cette course à la productivité est un jeu de dupe à l'échelle macro-économique puisque les gains de productivité de nouvelles techniques managériales sont détruites par le principe de la concurrence. Au départ, une innovation managériale permet à l'entreprise de se mettre au-dessus de la concurrence et d'augmenter ses dividendes. Mais, dans un second temps, les autres acteurs économiques adaptent les mêmes pratiques de gestion du personnel et obtiennent les mêmes gains de productivité horaire. La concurrence oblige les concurrents à baisser leurs prix ce qui finalement annule les gains de productivité des nouvelles pratiques managériales.

  •  Pratiques

Les pratiques managériales sont de plusieurs types.

- La mécanisation et la division du travail rendent les tâches plus répétitives et leur exécution plus rapides. À terme, le taylorisme sape le moral des travailleurs puisqu'il leur reconnaît peu de qualification et peu de perspective de créativité professionnelle. À l'époque, Ford avait dû consentir de gros salaires à ses ouvriers pour éviter qu'ils ne fuient le travail abrutissant à la chaîne.

- L'implication dans le procès de production des ouvriers a constitué une petite révolution. Les travailleurs émettent des suggestions pour améliorer la chaîne, pour la rendre plus efficace. L'ergonomie et le feed-back font leur entrée dans le management.

- La gestion par projet, par liste de choses à faire, en finit avec les contre-maîtres. L'équipe se voit attribuer des objectifs de production et gère elle-même ses techniques de travail et son cadre de travail pour y arriver. La pression de l'équipe se fait alors sentir sur les personnes malades, enceintes ou moins efficaces sans que l'encadrement doive être impliqué.

- Les employés sont impliqués affectivement dans la vie de l'entreprise. Ils doivent en quelque sorte adhérer, 'aimer' leur entreprise (qui n'est pas une personne douée d'affect mais une machine à valeur détenue par des propriétaires lucratifs). Ce sont alors des événements d'entreprise, des week-end aventures pour cadre, des concerts, des soirées-entreprises voire des crèches ou des clubs de rencontre pour employés. L'identité de l'entreprise (factice et spectaculaire par définition puisque l'entreprise n'est pas une personne) doit devenir celle de l'employé. C'est le patron 'cool' de la start-up ou la participation obligée à des compétitions sportives. C'est le genre de pratiques en œuvre dans ce que Haefliger appelle le loft management (voir ici).

- Le management par la haine sape systématiquement les qualifications des employés. Il minimise leur réalisation, oppose les employés entre eux dans une course au meilleur, attribue des enveloppes fixes de récompenses aux meilleurs. Il ne s'agit pas d'être bon, performant, convainquant ou efficace mais d'être meilleur que les autres. C'est l'ouvrier du mois, l'employé du mois, c'est aussi la tyrannie permanente de l'évaluation. Ce type de management ne peut fonctionner qu'avec un chômage de masse parce qu'il épuise rapidement les employés, les pousse à prester des heures supplémentaires gratuites - sans que ce travail supplémentaire ne soit jamais sanctionné par une récompense définitive. Ce management utilise les techniques de manipulations mentales suivantes:

  1. opposition des employés entre eux
  2. précarisation des emplois, recours à la peur, à l'angoisse, à la menace
  3. individualisation des salaires, recours aux primes aux 'meilleurs' et faiblesse du salaire fixe garanti
  4. turn-over permanent: le personnel est remplacé en permanence, c'est l'obsolescence programmée des travailleurs; l'entreprise demande un engagement sans qu'elle ne s'engage à rien
  5. ce que nous appellerons l'obligation du salaud: l'entreprise force les employés à prendre des décisions immorales dans le cadre de leur emploi ce qui les rend complices de décisions qu'ils n'approuvent pas. Cette technique fait perdre les repères aux sujets les plus équilibrés, les rend manipulables et fragiles. Leurs désirs deviennent flous, leur moi s'anémie.
  6. le benchmarking (voir ici) consiste à comparer les performances des différentes équipes mises en concurrence, le but est d'induire une compétition permanente.
 Toutes ces techniques de management sont extrêmement dommageables à la santé des employés (quel que soit leur niveau de qualification et de rémunération). Elles coûtent une fortune à la sécurité sociale et aux intéressés. Elles permettent à l'entreprise de se défausser d'une partie de leur responsabilité dans les gains de productivité sur la collectivité, d'externaliser ses frais.

Voir sur le sujet une conférence de Vincent Gauléjac.

Entendre aussi sur l'évolution du management une conférence de Thibault LE TEXIER - avant-dernière dans la liste, ici.