Flexibilité

Est, en physique, désigne la propriété selon laquelle un matériau souple peut être aisément courbé ou plié sans se rompre.

En chrématistique, la flexibilité est utilisée pour désigner la capacité du salarié à s'adapter au contexte changeant du marché.

En fait, cette notion est utilisée pour désigner l'externalisation des risques et des adaptations au marché sur la main-d’œuvre. Quand la demande baisse, les salaires sont censés baisser; quand la demande varie, le temps de travail en emploi est censé varier; quand la demande augmente (ou que l'offre diminue), le salarié est censé travailler davantage.

Concrètement, la flexibilité implique une précarisation des contrats d'emploi, ce qui met les salariés à la merci des employeurs. Ils deviennent faciles à licencier et ne peuvent, du coup, construire des projets à long terme. Les employés ne peuvent fonder des familles ou investir dans des projets personnels ambitieux faute de salaire fiable. Par ailleurs, comme la pression au travail augmente avec la flexibilité, les maladies professionnelles se multiplient, les burn-out, les suicides ou les somatisations en tous genres. Les coûts sur la santé de la flexibilité demandée par les actionnaires sont externalisés sur la collectivité et incarnés dans la souffrance solitaire du travailleur. Concrètement:

Image extraite de l'Humanité (ici)
- La flexibilité empêche tout engagement relationnel à long terme entre collègues ou entre supérieurs et subordonnés, ce qui rend les relations interpersonnelles liquides, instables. La qualité de la production en est obérée.

- La flexibilité sabote la sérénité au travail. Comme tout le monde est susceptible d'être licencié sur le champ, l'angoisse et la peur font leur apparition avec leurs effets délétères de perte de confiance en soi et de somatisation.

Au niveau économique, les coûts des variations du marché, de l'offre et de la demande, sont assumés exclusivement par la main-d’œuvre du fait de sa flexibilisation. Cette politique est pro-cyclique, elle tend à augmenter l'ampleur, les dégâts des cycles économiques: quand la demande baisse, la flexibilité permet les licenciements faciles. Quand il y a beaucoup de licenciements, cela anémie la demande, etc.

Cette politique est défendue par les propriétaires lucratifs puisqu'elle garantit la pérennité de leur retour sur investissements, de leur taux de profit quoi qu'il arrive, quelle que soit la conjoncture économique.

Il serait au contraire logique que les profits fassent preuve de flexibilité, de souplesse, qu'ils s'adaptent à l'offre et à la demande (quitte à disparaître en période de stagnation, comme c'est le cas pour le moment). Cette formule aurait l'avantage de préserver l'ambiance de travail, la qualité de la production, les salaires et la demande. Tout vit, tout meurt, n'est-ce pas? Les amours, les entreprises, l'argent, les empires mêmes ...