- Les dates avant notre ère sont notées BC (before Christ) et celles de notre ère sont notée AD (anus dei) pour des raisons de simplicité.
- Nous avons tiré les événements concernant l'Empire romain de Rostovsteff, L'histoire économique et sociale de l'Empire Romain, nous ne partageons pas toutes ses options historiques mais utilisons le formidable travail de synthèse qu'il a fait.
La guerre civile dans l'Empire Romain
- Contexte
À Carthage,
l'État romain devient, après les guerres Puniques, notamment,
propriétaire de grandes terres arables et de nombreuses ressources
naturelles.
Dans les provinces grecques,
les gestionnaires de l'État romain s'enrichissent sans considération
pour la prospérité des administrés. Ils répriment les révoltes sociales
avec constance et brutalité.
En Étrurie,
les villes servaient de résidence à de grands propriétaires fonciers, à
l'aristocratie étrusque. Leur prospérité reposait sur le travail de
serfs qui cultivaient les domaines à leur place et d'esclaves qui
travaillaient dans des ateliers.
366-367 BC, Lois liciniennes: limitation de l'extension des parcelles familiales, émergence d'une civilisation paysanne romaine.
Nombreuses exploitations de petite taille, mode de vie rural primitif.
Extension d'un Empire agricole et dépérissement des comptoirs commerciaux.
Les terres arables conquises étaient distribuées à des citoyens romains qui les mettaient en valeur en exploitant la main d’œuvre locale. Les richesses ainsi extraites étaient détournées pour partie vers l'économie locale, pour partie vers Rome qui se trouva submergée de capitaux, de matières précieuses.
Le sénat romain est une aristocratie héréditaire dirigeante.
Des hommes d'affaire émergent peu à peu avec l'afflux de capitaux que génère l'occupation des provinces.
Ces hommes d'affaire deviennent importants - juste en-dessous des sénateurs. Ils investissent leur fortune dans le foncier. Pour remettre les terres du Nord, ravagées par les guerres puniques et les Gaulois, le sénat romain eut l'idée d'accorder aux hommes d'affaire toute latitude pour restaurer la vie économique du nord de l'Italie en leur louant ces terres ou en les leur accordant contre un droit de fermage.
- Concentration des richesses
Au IIe siècle BC, du coup, les biens fonciers se concentrent.
La classe enrichie investit dans des entreprises qui laminent - par effet de la concurrence l'artisanat local.
Elle applique les techniques productives capitalistes importée des Grecs ou des Puniques, aussi bien en agriculture qu'en industrie.
L'afflux de main-d’œuvre bon marché, les esclaves, permet la constitution de véritables fortunes.
La
classe capitaliste demeure étrangère à la vie politique, trop occupée
par ses affaires. Elle devient un fervent soutien de la politique impérialiste.
Ils investirent leurs capitaux dans des terres à olives. Ces terres sont devenues très chères, ce qui a poussé les paysans à vendre leur propriété et à aller en ville.
Au IIe siècle BC, on assiste donc à l'émergence d'une bourgeoisie urbaine.
Rome cesse d'être une puissance paysanne. Les guerres incessantes que mena le sénat affaiblirent la paysannerie: de propriétaires, ils devinrent tenanciers.
- La crise (déjà)
Ces éléments - accumulation capitalistique, émergence d'une bourgeoisie et disparition de la paysannerie - amenèrent une crise.
Le régime aristocratique-paysan traditionnel dégénéra en une oligarchie de familles nobles. L'armée romaine - exclusivement constituée de propriétaires - fut affaiblie par la disparition de la paysannerie.
- L'échec de la guerre sociale
Les Gracques tentèrent alors de redistribuer les terres, sans succès du fait de la résistance de l'oligarchie au pouvoir.
L'armée fut transformée: elle intégra des paysans sans terre et les prolétaires engagés à long terme, elle se professionnalisa. Cette nouvelle armée fut indispensable au maintien de l'imperium romanum mais devint progressivement une force politique de plus en plus importante - supplantant le senatus populusque romanus.
Sulla (138 BC – 78 BC) et ses successeurs se levèrent contre les Gracques, contre leur programme de restauration de l'armée paysanne et de redistribution des terres.
Paradoxalement, ils furent soutenus par une frange non négligeable des paysans et des prolétaires en échange de promesse de statut personnel.
La guerre civile se transforma en lutte des places entre sénateurs, sans plus de programme politique:
César contre Pompée puis Auguste contre Octave et Antoine. Octavien finit par remporter la bataille d'Actium non pour ses idées politiques mais parce qu'il prétendait incarner la liberté romaine contre l'esclavagisme oriental et obtint, ce faisant, le soutien du peuple romain.
Les guerres civiles romaines n'entamèrent pas (ou peu) la prospérité italienne.
Même si les vétérans ont bénéficié de petits lopins, la guerre civile n'a pas redistribué fondamentalement les cartes et les terres.
La constitution de la classe laborieuse au Ier siècle BC:
- paysans-propriétaires,
- détaillants et artisans urbains,
- esclaves dans les bureaux et les boutiques de la bourgeoisie
- une foule immense et croissante d'esclaves.
Les capitaux se retrouvèrent dans les mains d'une caste romaine capitaliste. Si les ateliers ne devinrent point fabriques, la production était pourtant déjà organisée non sur commande mais sur base d'un marché virtuel.Le développement industriel demeurait l'apanage des cités grecques même si Capoue, Calès (métallurgie et céramique), Tarente (laine, argenterie) commençaient à prendre une place dans la production.