Europe

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 Imaginons un peu ce qu'il serait advenu de la France et de son débat politique, lorsque nous avions des ministres communistes et des dirigeants socialistes au gouvernement de la France. Heureusement qu'il y avait l'Europe pour empêcher ceux-ci d'aller jusqu'au bout de leurs idées et de leur logique. C'est aussi cela l'Europe.

N. Sarkozy


Comment fonctionne l'Europe?

Globalement, moins l'instance européenne est démocratique, plus ses membres sont désignés par cooptation et moins ils sont soumis au suffrage universel ou à la sanction populaire, plus elle exerce un pouvoir important.

Cette Europe-coup d'État permanent a mis sur pied la guerre perpétuelle sur le vieux continent. Les États nationaux s'y font la concurrence à mort sans que soient harmonisées les législations sociales, les salaires minimums ou la fiscalité.

Les États sont donc condamnés à jouer au tango européen:

- Premier temps: un État constate un déficit de son commerce extérieur.

Il ne peut dévaluer la monnaie (ce n'est plus possible avec la monnaie unique). Pour restaurer sa compétitivité face aux autres États, pour retrouver une balance du commerce extérieur en équilibre, il faut qu'il diminue les salaires. En termes techniques, on appelle cela une déflation salariale.

Ex: Le tournant de la rigueur en 1983, en France; Les lois Schröder, Hartz IV en Allemagne.

Comme les salaires sont diminués, les prix à l'exportation du pays qui prend ces mesures diminuent et il retrouve son équilibre commercial. Ce système ne fonctionne que si les autres pays ne mènent pas, en même temps, la guerre aux salaires chez eux. Si tout le monde mène la guerre aux salaires, c'est un jeu à somme nulle puisque, comme les salaires diminuent partout, plus personne n'a de salaire pour acheter les marchandises produites.

- Deuxième temps: le pays qui a mené sa cure anti-salaire, a retrouvé l'équilibre mais les autres pays sont entrés dans une phase de déséquilibre commercial.

Ils importent davantage de marchandises du pays devenu meilleur marché mais sont devenus relativement plus chers et en exportent moins.

- Troisième temps: les autres pays mènent à leur tour la guerre aux salaires pour retrouver leur compétitivité. Et le tango peut continuer sans fin.

Au final, ce tango libre-échangiste, sans harmonisation fiscale ou sociale aura permis la guerre aux salaires, c'est-à-dire:

- une diminution drastique des salaires au niveau du continent, ce qui comprime la demande (les gens qui ne gagnent pas de salaire ne consomment pas) et amorce une crise de surproduction

- la suppression de tous les conquis sociaux, les salaires socialisés, la sécurité sociale pour en laisser de faméliques substituts financés par les contribuables ou des assurances privées pyramides de Ponzi
- une dégradation des conditions de travail, une augmentation du pouvoir des propriétaires lucratifs des entreprises 
- l'endettement durable des États (puisqu'il a bien fallu baisser les impôts pour être compétitifs, être moins chers que les voisins) - comme tous les États ont diminué leurs impôts, ils deviennent insolvables et ne pourront, à terme, honorer leur dette

- de provoquer une crise systémique (le débat est de savoir quand et quelle ampleur elle aura), un retour au jardin potager comme dirait Lordon.

Voilà ce qu'est l'Europe. Quant à ce qu'elle pourrait être?

Nos suggestions:

- un salaire socialisé au niveau de l'Europe

- une sécurité sociale européenne

- des cotisations sociales et un code du travail harmonisés au niveau européen

- des investissements par cotisations au niveau européen
- l'abolition de la propriété lucrative au niveau européen, l'avènement de la démocratie de la propriété d'usage

faute de quoi, l'Europe se contentera de demeurer ce champ de bataille de tous contre tous qu'elle est actuellement, faute de quoi, les options protectionnistes s'imposeront - ce qui d'ailleurs n'est pas un problème en soi, mais peut-être dangereux en terme de relations diplomatiques.