Externalisation

Les entreprises en concurrence vendent les biens et les services produits par les producteurs, par les travailleurs à un certain prix.

Le prix se compose de la valeur ajoutée et des frais. Comme toutes les entreprises sont en concurrence, elles ont toutes intérêt à vendre leurs biens et leurs services au prix le plus bas pour l'emporter sur la concurrence. Par ailleurs, les propriétaires des entreprises ont intérêt à maximiser leurs marges et leurs dividendes. Pour ce faire, à prix constant, ils peuvent bien sûr réduire les salaires en augmentant leurs dividendes, ce qui laissent le prix et la valeur ajoutée inchangés mais ils peuvent aussi augmenter la valeur ajoutée et diminuer les frais.

L'externalisation est la diminution des frais de production. Elle permet d'augmenter la valeur ajoutée pour le même prix (et donc les dividendes) ou de baisser les prix (et donc de vitrifier la concurrence).

Concrètement, l'externalisation peut avoir bien des formes:

- les coûts écologiques sont déplacés sur la collectivité, sur l'impôt acquitté par les classes moyennes. L'entreprise qui pollue ne dépollue, l'entreprise qui pille les ressources naturelles ne les reconstitue pas, etc.

Externalisation du gaz de schiste
- les coûts d'infrastructure sont assumés par la collectivité - c'est le principal projet économique de l'Europe pour le moment et le principal projet économique de la Belgique ou de la France. L'impôt des classes moyennes finance les autoroutes, les ports et les aéroports qui permettent aux entreprises de délocaliser sans surcoût et de pratiquer les flux tendus. La pollution produite par toute cette politique de transport délirant est également financée par les contribuables.

- les coûts sanitaires des managements modernes sont assumés par la sécurité sociale. C'est l'entreprise qui encaisse les gains de productivité, c'est la sécurité sociale ou la charité publique qui assument les frais liés au surmenage que génère la surproductivité des employés, ce sont elles qui paient les turn-over, les burn-out, les complications, les frais de santé, l'invalidité provisoire ou permanente des producteurs suite à ces mauvais traitements

- les coûts de formation, d'éducation sont assumés par la collectivité. Tant qu'il s'agit de formation ou d'éducation généraliste, tout va bien. À partir du moment où ce sont les exigences de productivité de l'entreprise qui déterminent les contenus et les méthodes d'enseignement, l'entreprise charge la collectivité du financement de la formation de ses cadres, elle se défausse de cette responsabilité et de ces frais.

Bien sûr, du fait de la concurrence, l'externalisation permet de survivre si elle est généralisée dans le secteur, elle permet de dégager des bénéfices plantureux pour l'entreprise si la concurrence n'y a pas recours. Elle atteste l'irresponsabilité des propriétaires et le caractère sociopathique de l'entreprise lucrative comme acteur économique.