Tiqqun (tikkoun olam - תיקון עולם)

 Tiqqun ou tikkoun olam (תיקון עולם, « rectification (ou « réparation ») du monde »)

  • La revue

Tiqqun est une revue française parue au tournant de ce siècle. Selon Wikipédia,

Tiqqun, par son style poétique et son engagement politique radical, s'apparente aux théories situationnistes et aux courants nés de l'Autonomie.
Tiqqun s'est diffusée et est relativement acceptée dans le milieu philosophique radical, les milieux situationnistes ou post-situationnistes, dans l'ultra-gauche, les mouvances squat et autonome, ainsi que chez une partie des anarchistes.
Tiqqun, dont le nom même évoque une dimension spirituelle, développe parfois une ligne « métaphysique critique » déroutante pour les habitués d'une rhétorique strictement matérialiste et athée.
Tiqqun est très influencée par l'œuvre du philosophe italien Giorgio Agamben, ainsi que par Guy Debord, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Martin Heidegger, entre autres.
Cette revue abonde en considérations, en contre-constructions du monde qui en détruisent  aussi bien les aspects totalitaires que fatalistes. Elle élargit le marxisme à l'économie du désir, elle élargit le situationnisme à la science des dispositifs. L'emploi est un dispositif, l'emploi est ce temps vendu irrécupérable, l'emploi est ce cimetière du désir.

Contre la logique du temps vendu, surgit le temps vivant, le temps humain, la communauté qui circule, la vie nue.

  • Le tikkoun olam
Le concept hébreu dont s'inspire le titre de la revue peut-être entendu de deux façons. Nous développons la première façon, un peu technique, en citant Wikipédia. La seconde est plus simple à saisir même si la portée de la première acception aide à comprendre le côté messianique de la seconde.

- Soit,
Selon certaines explications, plus grand est le nombre de mitzvot (prescriptions religieuses) réalisées, plus le monde se rapproche de la perfection. De cette idée, acceptée par tous, y compris les Juifs karaïtes, le mysticisme juif a développé l'idée que le tikkoun olam déclencherait ou accomplirait les prophéties concernant la venue du Messie ou celles du monde à venir.
La locution mip'nei tikkoun olam (« du fait du tikkoun olam ») sert à indiquer qu'une pratique n'est pas tant suivie parce qu'elle a force de loi mais parce qu'elle permet d'éviter des conséquences sociales négatives.
La kabbale lourianique enseigne que la création même de l'univers par Dieu était instable, et que l'univers « primitif », représenté par un vase en poterie, ne pouvait contenir la sainte lumière de l' Ein Sof (Infini – Dieu) et vola en éclats (cela se remarque notamment dans les différences entre les deux récits de la Genèse). Il est donc de nos jours, dans cette conception, littéralement brisé et nécessitant d'être réparé, ce qui se réalise en suivant la halakha (loi religieuse juive). C'est pourquoi, selon les kabbalistes, à chaque réalisation d'une prescription (mitzvah), un Juif réalise un acte de tikkoun olam, faisant graduellement revenir l'univers à la forme originellement voulue par Dieu, et faisant jouer à l'humanité son rôle de « partenaire » dans la création divine (Wikipédia).
- soit, pour les juifs progressistes et réformés, il s'agit de travailler et de promouvoir la justice sociale. Ce concept, s'il conserve la dimension messianique de la première acception, peut inspirer l'idée d'une révélation, d'un avènement du sens du temps par l'acte ensemble, par l'acte du devenir social juste.

Ce qui permet d'entrevoir une portée fort révolutionnaire - fort ennemie de l'emploi - à un concept religieux au départ. L'emploi est l'exact inverse du tiqqun. Il s'agit d'un acte qui prend aux pauvres, à ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail sous l'aiguillon de la nécessité, pour le donner à ceux qui sont détenteurs de titres de propriété. L'emploi empêche la pensée et la révélation de la nature, de la force, du sens et de la vérité du moment. L'emploi est une mise en concurrence de tous contre tous et non un faire commun, un faire social.