Producteur

  • Producteur en soi

Un producteur tient un rôle particulier dans l'économie. Il produit de la valeur.

Mais il y a deux sortes de producteurs. Les producteurs de valeurs d'usage sont l'ensemble personnes qui contribuent à humaniser leur environnement. L'ensemble des humains est concerné sauf à être en dépression profonde (et encore, même les dépressifs posent des actes).

L'humanisation de l'environnement, c'est la transformation de l'environnement en quelque chose qui convienne, qui réponde aux désirs du sujet. C'est ce qu'on appelle le travail concret producteur de valeur concrète. Il peut s'agir de bricolage, de nettoyage, de production industrielle, d'écriture, de travail de conversation, de socialisation, de soin, de création artistique, etc.

Mais les producteurs sont aussi les producteurs de valeur économique. La valeur économique est une convention humaine, une croyance collective qui reflète et organise la violence sociale. La violence sociale réside dans la différence de reconnaissance de statut sociaux, de valeur économique produite par les différents producteurs.

La quantité de valeur économique produite par un producteur est donc fonction de la reconnaissance de sa valeur dans le cadre de la violence sociale qui organise la société.

Dans les sociétés marchandes, le nom de cette reconnaissance sociale est le salaire. C'est le salaire qui reconnaît la contribution du producteur à la création de valeur économique.

En examinant le fonctionnement de la valeur ajoutée, on se rend compte que c'est le salaire qui est à l'origine de cette valeur ajoutée et que la création de valeur économique est parasitée par une autre forme de reconnaissance de création de valeur économique: la rente.

Les producteurs de valeur économique - employés, ouvriers, chômeurs, retraités, invalides, vacanciers, parents - touchent un salaire qui crée la valeur économique. Mais ils sont parasités par les rentiers qui entendent tirer bénéfice de ce processus.

  • Producteur pour soi

Les intérêts des producteurs s'opposent à ceux des rentiers. Les rentiers sont des propriétaires lucratifs qui sont rémunérés en tant que propriétaires, non pour ce qu'ils font mais pour ce qu'ils ont. La propriété lucrative leur permet de décider ce qui est produit, comment, par qui et dans quelles conditions.

Par le truchement de l'emploi, les propriétaires rentiers sont maîtres de la reconnaissance de production de valeur. En qualifiant le poste plutôt que l'employé, le rentier décide qui gagne combien. Il peut aussi licencier, condamner à l'exclusion économique les producteurs.

De manière générale, ce que prennent les propriétaires rentiers sur la valeur ajoutée ne sera pas attribué au salaire et ce que prennent les salariés ne sera pas attribué aux propriétaires lucratifs.

Il y a conflit de classe.

Mais, comme l'expliquait Marx, il y a les classes en soi - les classes comme sujet social objectif défini par les rapports de production, classes telles que les producteurs et les rentiers - et les classes pour soi - c'est-à-dire telles qu'elles existent dans la représentation des intéressés.

Les producteurs ne sont pas une classe pour soi mais, le jour où cela doit advenir, le rapport de force en notre faveur sera écrasant: le producteur n'a pas besoin de propriétaire lucratif pour gagner, pour créer son salaire alors que le propriétaire lucratif a besoin de producteur pour parasiter le processus de création de valeur économique.

Les médias, le management (qui confine à la manipulation mentale) ou la concurrence de tous contre tous s'attachent à empêcher l'avènement de cette conscience de classe, à empêcher l'organisation des producteurs comme classe pour soi.

Globalement, on dit aux producteurs qu'il faut produire davantage, travailler plus, gagner moins, dégrader les conditions de travail alors que l'économie est en pleine crise ... de surproduction. En faisant peur aux producteurs, on renforce les causes de la crise économique, en diminuant les salaires, on renforce la contraction de création de valeur économique.