Rien ne se fait d'important sans temps. Rien ne se produit plus vite que le pas de la vache, rien ne devient qui n'accouche dans la douleur, dans la douceur, au rythme du pas lent.
L'idéologie productiviste, la rage producériste, l'employisme béats ignorent cette réalité simple. Pour avancer, pour faire avancer les choses, pour créer - même si l'acte créatif est posé dans une brutalité fébrile - il faut un temps, un temps de latence, un temps d'écoute, de réflexion, de recul, de maturation.
Le concept de tricnonote permet de penser aussi bien la production que la consommation. Pour acquérir un bien de manière efficace - sans que l'acquisition ne soit une agitation perpétuelle - on n'achète pas en se précipitant mais en choisissant soigneusement un objet qu'on réparera, qu'on rapiécera.
Les exemples de perte de temps à force de vouloir produire rapidement sont innombrables. Que l'on songe aux autoroutes urbaines ... embouteillées, aux lignes de production à la chaîne usant leurs ouvriers, aux techniques fumeuses de management, aux files interminables aux aéroports.
Derrière leurs cabas, sur leurs bancs à regarder les voisins, avec leurs petits chiens, les pressés d'hier savourent enfin leur temps, leur rythme et continuent à produire, doucement, à leur rythme, leur lendemain.