Épectase (ἐπέκτασις)

L'épectase a un sens (relativement) commun quand elle désigne une mort survenue pendant l'acte sexuel. Mais cette acception n'est pas la seule.

  • Un sens religieux

Le mot a aussi un sens chrétien susceptible d'être mis en lien avec la religion employiste: il désigne l'effort, la tension vers Dieu. L'ἐπέκτασις (épectasis) grecque fait référence à l'allongement, à la tension - ce mot était utilisé en linguistique pour parler des voyelles courtes allongées en poésie.

  • Un sens employiste

L'épectase au sens de tension vers Dieu décrit remarquablement bien la tension et l'effort constants demandés aux employés envers leur employeur et, surtout, la logique de l'emploi, le dieu caché de l'emploi.

Cette tension se manifeste dans l'obligation de présence aux événements d'entreprise de détente offerts par l'employeur, elle se manifeste dans le fait que chômeurs doivent impérativement apporter les preuves de recherche active d'emploi pour percevoir le salaire social qu'ils réalisent hors emploi.

Mais l'épectase chrétienne est une tension volontaire, librement consentie alors que l'épectase employiste est devenue une obligation morale, un impératif social.

Comme toute obligation morale sociale contraire aux aspirations du corps social, l'épectase employiste ne sert qu'à alimenter le secret des comportements condamnés par la morale. C'est en secret - dans un sentiment de culpabilité plus ou moins bien assumé - que les producteurs contournent l'obligation morale de l'épectase employiste. Ils se cachent, honteux, quand ils profitent de leurs congés ou de leurs retraites pour déployer leurs activités libres, leur créativité inépuisable; ils se cachent quand des prestations sociales leur permettent de vivre sans soumettre leur volonté, leur force, leur temps et leur force de travail au vouloir d'un actionnaire motivé par le lucre.

  • Une obligation morale impossible

Une religion comme l'employisme qui impose une morale incompatible avec les formes de vie humaines ne pousse à aucune amélioration morale, à aucune conscience éthique. Elle pousse à la duplicité, à la fraude, à la culpabilité, à la faute, au délit, etc.

Pourtant, l'humain est destiné à minimiser ses efforts dans le travail concret d'humanisation de la nature. Il est construit par des milliers de millénaires de coopération de groupe et de propriété commune des moyens de production. L'humain ne peut s'adapter à une morale employiste sauf à oublier, à nier ce qu'il est.

Ces comportements attestent l'illégitimité d'une religion employiste inadaptée à l'être humain, à ses pulsions, à ses désirs et à la richesse de son travail concret.

  • Une mort dans l'acte

Mais l'employisme est une religion impitoyable qui exige des sacrifices humains sans fins. Les employés doivent se soumettre au vouloir de la logique du profit, ils doivent sacrifier leur temps, leur environnement et leur santé physique et mentale au Moloch insatiable.

C'est comme cela - et c'est à cause de cela - que la terre est transformée en grand cimetière inhabitable, que les travailleurs du monde entier sombrent dans la résignation, dans la folie, dans la dépression, dans les maladies chroniques.

Car l'effort d'épectase employiste doit être consenti sans limite, sans fin ... jusqu'à la mort, le cas échéant.