Handicap salarial

En Belgique, on nous parle de "handicap salarial" en nous disant qu'il faut baisser les salaires individualisés et communs.

Ce n'est pas une affirmation mais une opération de propagande. Les salaires (qu'ils soient individualisés ou qu'ils restent socialisés par la sécurité sociale ou par les impôts) ne sont pas un handicap, un coût. C'est une richesse et commune et individuelle.

On voudrait nous faire croire que, en baissant les salaires, on crée plus de valeur, on devient plus "compétitifs".

C'est là aussi non une affirmation mais une opération de propagande. On crée moins de valeur ajoutée quand on baisse les salaires puisque les salaires sont une des composantes de la valeur ajoutée et on ne devient pas plus compétitifs puisque les pays à bas salaires sont les moins productifs du point de vue des propriétaires lucratifs (les productrices et les producteurs de logiciels informatiques dans la Silicone Valley rapportent davantage que leurs collègues des sweat shops chinois alors que les salaires des premiers est infiniment plus élevé; les investisseurs mettent infiniment plus d'argent dans des pays à hauts salaires, etc.).

Alors pourquoi ces opérations de propagande?

Pour faire pression sur les salaires. Pour réduire la part relative des salaires dans la valeur ajoutée - et augmenter la part relative des profits dans la valeur ajoutée. Pour que les salariés en emploi ou hors emploi se sentent coupables, rasent les murs. Derrière la propagande, il y a un pouvoir qui tend à l'hégémonie, à la domination culturelle chez celles et ceux qui le subissent.

Alors que notre prospérité à chacun est notre prospérité à tous, alors que les profits, les investisseurs et les employeurs sont inutiles à la production, alors que la logique de l'emploi et du profit nous maltraitent parce que nous les avons intériorisées, parce que nous nous sentons coupables de nos salaires.

Cette propagande permet d'éviter ces questions ... au nom de l'emploi, bien sûr.