Freeter (フリーター)

Les freeters constituent une classe sociale en soi au Japon. Selon certaines estimations, ils seraient au moins deux millions mais leur nombre réel est difficile à évaluer. Ce sont des "travailleurs partiels" (arbeiter en Japonais, d'après le mot allemand) "libres" (free en anglais).

Les Salaryman sont les employés à vie, avec un bon salaire et une sécurité d'emploi au Japon. Mais une partie de la jeunesse n'a pas voulu de ce modèle dans les années quatre-vingt. À l'époque, la bohème, les jeunes artistes ne voulaient pas se retrouver entre quatre murs, prisonniers d'une vie routinière.

Mais la situation économique a changé sur l'île. La crise a fait son apparition et les militants de la liberté, les travailleurs libres sont devenus des précaires contraints, des travailleurs jetable en situation de grande précarité et de grande pauvreté.

La réussite individuelle est un impératif au Japon. La classe des freeters déroge à cet impératif. Elle est de ce fait souvent victime d'ostracisme.

Wikipédia précise la catégorie sociale des freeters:
L’Institut japonais du travail classe les freeter en trois groupes :
  • le groupe moratoire : qui veut attendre avant de commencer une carrière ;
  • le groupe de ceux qui poursuivent leurs rêves ;
  • le groupe de ceux qui n’ont pas d’autre choix.
Les freeter du groupe moratoire et ceux qui poursuivent leurs rêves choisissent délibérément de ne pas entrer dans le monde de la concurrence des entreprises, strictes et conservatrices. Ils préfèrent prendre une pause pour profiter de la vie ou accomplir des projets qui sont incompatibles avec une carrière japonaise standard. Beaucoup de freeter espèrent commencer leur carrière plus tard, de façon à avoir un revenu régulier et pouvoir subvenir au besoin de leur future famille. Il en est de même pour les femmes freeter qui, pour le même but, espèrent se marier avec un homme ayant assez bien réussi socialement.
Le groupe de ceux qui n’ont pas d’alternative est constitué de jeunes qui n’ont pas pu trouver de travail à la sortie du lycée ou de l’université, notamment lors du recrutement groupé de nouveaux diplômés, et qui n’ont pas d’autre choix que d’accepter des emplois à bas revenus. Ce peut être dû à un manque de qualification ou à la difficulté de trouver un travail au Japon.
Les femmes ont généralement plus de difficultés à trouver un emploi qui leur offrirait une carrière talentueuse et se retrouvent donc le plus souvent office ladies.
Dans tous les cas, au printemps 2000, près de 10 % des lycéens et universitaires n’ont pas pu trouver d’emploi, et 50 % de ceux qui en ont trouvé un l’ont quitté trois ans plus tard. La situation du chômage est pire pour les jeunes, beaucoup de freeter cherchent désespérément un travail, tandis que d’autres ont abandonné l’espoir de trouver un travail régulier.
 

Le reportage ci-dessus montre des figures incarnées de cette classe sociale.

La jeunesse déclassée, exploitée et exclue de la société n'est pas une spécificité japonaise. La politique employiste et monétariste à l'oeuvre aux États-Unis et en Europe aboutit à exactement les mêmes effets. Précisons que, au Japon comme aux États-Unis ou en Europe, le désespoir des exclus par l'emploi génère aussi bien des contre-cultures aussi riches que variées que des suicides ou des problèmes de santé.

La pratique salariale de la valeur permettrait de transformer cette classe exclue par la pratique capitaliste de la valeur en producteurs de première importance. Leurs talents, leur amour de la liberté, leur irréductibilité profiteraient à une collectivité qui en a grandement besoin.