- Marx
Un rapport de production, c'est ce qui, dans le cadre d'une vision matérialiste, dans le cadre d'une analyse économique des choses, des rapports sociaux entre les humains, détermine le rôle économique de l'agent et ses rapports à la production matérielle.
Pour Marx, dans l'économie capitaliste, il y a les bourgeois et les prolétaires. Les bourgeois sont propriétaires lucratifs des outils de production. Ils achètent la force de travail d'autrui et en accaparent les fruits par le truchement de la propriété lucrative privée des moyens de production. Ce type de propriété est légale mais cela n'enlève rien de la violence sociale qu'elle charrie.
Les prolétaires n'ont pas accès aux ressources suffisantes pour survivre: ils doivent vendre leur force de travail aux propriétaires. Ils sont mus par ce que les libéraux appellent l'aiguillon de la nécessité. La nécessité obère toute possibilité de liberté pour les prolétaires.
Les prolétaires ne sont pas meilleurs ni pires que les bourgeois. Ils ne sont pas plus vertueux ou moins vertueux, ils ne sont pas plus méritants ou moins méritants. Ils sont (nous sommes) simplement nés du mauvais côté de la barrière.
- L'anti-employisme
De notre point de vue anti-employiste, nous définirons les bourgeois comme les employeurs (actionnaires, créanciers, banquiers ...) et les prolétaires comme les producteurs (celles et ceux qui touchent des salaires sous toutes leurs formes, employés, ouvriers, retraités, chômeurs, invalides, vacanciers et créent la valeur économique par leurs salaires).
Mais l'appartenance à un groupe ou à un autre n'est pas exclusive. On peut imaginer des rapports de production qui se combinent (un petit boulanger propriétaire de son outil de production avec quelques actions, etc.) et on peut imaginer un agent social qui ne soit ni producteur ni bourgeois tel un Papou.
Marx définit les rapports de production sous l'angle du travail. Le prolétaire doit travailler pour le bourgeois qui pille les fruits du travail du prolétaire.
Nous nuançons quelque peu ce point de vue. Le concept de travail doit être un peu précisé.
Le travail abstrait, c'est la création de valeur économique par le truchement du salaire (voir ici). C'est ce travail-là que le capitalisme régit, enrégimente et stérilise. En embrigadant le travail abstrait, la création de valeur économique par le salaire, création parasitée par la propriété lucrative, le capitalisme fixe les limites de la légitimité du travail concret, du processus vivant d'humanisation du monde par l'acte. Il détermine quel travail concret sera légitime, quel travail concret sera illégitime, quel travail concret sera rémunéré et quel travail concret sera interdit.
Le capitalisme, par le truchement du travail abstrait détermine qui fait quoi, comment et pourquoi. En déterminant le travail concret, le capitalisme comme logique gère les ressources naturelles et humaines au mieux des intérêts lucratifs des propriétaires, des employeurs et au détriment des intérêts des producteurs, des créateurs de valeur économique par le salaire.
- La lutte des classes
Ce faisant, le capitalisme crée des rapports de production irréconciliables entre employeurs et producteurs - même si l'appartenance à l'une de ces classe n'est pas exclusive ni obligatoire. Les intérêts des classes différentes sont opposés. Ils construisent la lutte des classes.
Dans le cadre de cette lutte de classe, il est de l'intérêt des producteurs de dénoncer l'emploi, leur joug de classe et il est de l'intérêt des employeurs d'affirmer, de légitimer et d'universaliser l'emploi au contraire.
Certains producteurs, certains syndicats ou certains partis politiques censés représenter les producteurs épousent la cause de la classe opposée. Ils trahissent les intérêts matériels de la classe des producteurs ce faisant. L'employé qui dénonce les chômeurs, qui veut les activer, les contrôler, par exemple, va se voir piquer son boulot par un ... des anciens chômeurs; le syndicat qui laisse les chômeurs se faire plumer va perdre des adhérents et de la légitimité politique, etc.