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Définition
Le racisme consiste à stigmatiser une population non pour ce qu'elle fait ni même pour ses opinions mais pour son appartenance à un groupe donné. Le raciste va attribuer des caractéristiques spécifiques au groupe donné (elles peuvent éventuellement être positives) et agira envers les membres de ce groupe comme s'ils étaient réduits à ces caractéristiques, comme s'ils n'étaient pas des individus à part entière.
Historiquement (Arendt, L'impérialisme), le racisme est apparu chez les nobles français déclassés. Il s'agissait pour eux de se distinguer de leurs concitoyens, de la république française, de la nation alors en construction. Ils se sont alors attribué une origine germanique, 'noble', qu'ils ont opposée à l'origine latine, roturière des autres Français. Ils fondaient de la sorte leurs droits à récupérer la terre de France, à en gérer les affaires et, éventuellement, à en éradiquer ou à en contrôler la population: ils prétendaient appartenir à une souche supérieure, à une partie de l'humanité supérieure.
Ce mécanisme de distinction et de mise au-dessus du lot du racisme d'origine se retrouve dans le racisme moderne. Il entend réclamer des privilèges pour une partie de la population au nom de son appartenance à un groupe plus légitime que les autres.
Paradoxalement, Arendt oppose le racisme qui divise le pays au nationalisme qui l'unit dans une structure plus économique, plus universelle qu'ethnique. Ce paradoxe ne tient que au fait que ce sont les racistes qui prétendent être nationalistes alors qu'ils cherchent simplement un ennemi comme force sociale centripète à défaut d'autre chose, d'une cohésion sociale effective.
Pour résumer, on pourrait dire que tout racisme est social et qu'il stigmatise un groupe sociologiquement, économiquement dominé.
Argument de l'emploi
Notre point de vue est ici concentré sur le problème, le drame, la tragédie de l'emploi.
Nous allons examiner l'argument fameux des racialistes: "ils nous prennent notre emploi".
- Tout d'abord le sujet, le ils marque un sujet dont l'énonciateur est absent, de ce fait il atteste la coupure mentale opérée par le locuteur entre les 'eux' et les 'nous'.
- Il proclame implicitement le caractère désirable de l'emploi. On vole un emploi comme s'il c'était un bien précieux, pas comme si c'était une forme barbare, contreproductive et honteuse d'exploitation de l'homme par l'homme. En renversant la proposition, nous découvrons qu'il faut garder un emploi, que nous défendons ce bien précieux qu'est l'emploi.
Ceci appelle évidemment un commentaire: l'emploi n'est pas un bien précieux mais une forme pernicieuse, mortelle, cruelle et contre-productive d'esclavage. Il ne s'agit pas de le défendre mais de l'abolir, d'en proscrire la logique, de cultiver l'art de vivre ensemble et de valoriser nos qualifications.- En admettant que l'emploi soit une denrée rare qu'il faut garder par un nous mystérieux, nous pourrions adopter de nombreuses solutions pour ce faire, pour gérer cette mystérieuse marchandise si rare, si précieuse:
- On peut diminuer le temps de travail, ce qui rend la rareté plus relative. Curieusement, ce genre de propositions susceptibles de rendre le travail plus abondant pour nous n'est jamais suggérée par les factions racialistes.
- On peut abaisser drastiquement l'âge de la retraite, ce qui rendrait également l'accès au travail plus aisé pour les chômeurs moins nombreux. Soufflons une bonne idée aux partis racialistes: une retraite à 18 ans permettrait à tous les chômeurs de ne plus en être. De nouveau, curieusement, l'allongement de la durée de cotisation, le report de l'âge de la retraite est appuyé par lesdits partis racialistes.
- On peut aussi augmenter les salaires, ce qui augmenterait productivité des producteurs et relancerait la demande. La relance de la demande augmenterait le besoin d'emploi et le rendrait du coup beaucoup plus accessible pour les chômeurs.
Les partis racialistes font l'impasse sur toutes ces solutions au problème du chômage, ce qui entache leur démarche d'un soupçon de mauvaise foi. Ne s'agirait-il pas d'attirer des électeurs égarés, ne s'agirait-il pas de s'arroger un pouvoir de type totalitaire en subjuguant lesdits électeurs?