- Au sens historique
Le chômage est un jour qui n'est pas travaillé. Il peut s'agir de fête votive, patronale, il peut aussi s'agir de repos périodique.
Comme l'explique Wikipédia,
le terme est issu du Latin populaire « caumare » dérivé du grec ancien « καυμα » (kauma), signifiant « se reposer par la chaleur ».
- Au sens économique
" Lorsque le chômage, comme aujourd'hui dans nombre de pays européens, atteint des taux très élevés et que la précarité affecte une partie très importante de la population, ouvriers, employés de commerce et d'industrie, mais aussi journalistes, enseignants, étudiants, le travail devient une chose rare, désirable à n'importe quel prix qui met les travailleurs à la merci des employeurs et, ceux ci, (...) usent et abusent du pouvoir qui leur est ainsi donné. La concurrence pour le travail se double d'une concurrence dans le travail, qu'il faut garder, parfois à n'importe quel prix, contre le chantage au débauchage. Cette concurrence (...) est au principe d'une véritable de lutte de tous contre tous, destructrice de toutes les valeurs de solidarité et d'humanité et, parfois, d'une violence sans phrases."
P. Bourdieu, Contre-feux, Raisons d'agir, 2004, pp. 97-98.
Le chômage est une violence car il prive les chômeurs de nécessaires ressources financières et de nécessaire activité sociale. Il les prive de la reconnaissance de leur productivité économique, de leur utilité sociale. Il condamne à l'inactivité, à l'attente, exclut de la vie active, de la société.
La violence du chômage est l'exact pendant de celle de l'emploi, c'est l'autre face de la même pièce.
Ce chômage est lié à un gain de rendement du travail: il faut moins travailler pour produire les mêmes choses. Les chômeurs se retrouvent sans ressources. Quand le patronat organise un chômage de masse par la pression mise sur les travailleurs à travailler vite, à travailler beaucoup, le pouvoir d'achat des producteurs est réduit à néant.
Les chômeurs se retrouvent sans revenu. Ils doivent se battre pour arracher les rares emploi disponibles. La concurrence entre les producteurs pousse tous les salaires à la baisse. Les salaires qui portaient la consommation ne peuvent plus le faire, ce qui provoque une crise de surproduction: on produit trop, l'appareil productif industriel est sur-investi, les clients sont rincés.
Le chômage permet néanmoins, selon les économistes monétaristes, de conserver la valeur de l'argent selon le principe du chômage optimal, du NAIRU. La chrématistique passe pour de l'économie, elle gère les populations avec le chômage pour conserver la valeur de l'argent; les producteurs deviennent une variable d'ajustement à l'économie monétariste.
- Au sens institutionnel
- Il permet la reconnaissance de la valeur produite par les producteurs hors de l'emploi.
- Il permet le déploiement des potentialités productives des producteurs. Il permet l'activité, le travail hors de l'emploi.
- Il soutient les salaires en général et équilibre le rapport de force entre les producteurs et les propriétaires à la faveur des premiers.
Pour que ce potentiel révolutionnaire du chômage puisse être efficace, il faut que:
- L'administration en charge de le distribuer ne harcèle pas les chômeurs, ne les pousse pas à offrir une chose aussi odieuse qu'un emploi. Il faut que le chômage soit inconditionnel, qu'il reconnaisse une qualification individuelle et non celle d'un poste.
- Les montants soient raisonnables par rapport à la valeur créée par les chômeurs - il faut des salaires sociaux suffisants.
- Le chômage soit étendu à toutes les catégories de producteurs. Certaines catégories de producteurs sont exclues du régime salarié: les indépendants et les fonctionnaires, par exemple. Ceci nous débarrasserait du carcan de la concurrence et libérerait l'activité humaine. Pour être émancipateur, il faut que le chômage soit universel.
À ce propos, la plateforme souhaite
- l'universalisation du salaire, de la reconnaissance de la valeur produite (il faut que les indépendants y aient droit)
- la socialisation intégrale du salaire pour en finir avec l'emploi (pour que l'activité humaine ne soit plus cadrée par le rendement et la compétitivité)
- la socialisation intégrale de la valeur ajoutée(pour en finir avec le pillage des ressources communes, pour démocratiser la production).