Le concept est tellement (mal) utilisé qu'il semble difficile à cerner tant il a été récupéré par les financiers et leurs laquais plus ou moins savants, les chrématisticiens. Pour expliquer concrètement ce qu'est l'économie, il me vient un exemple concret qui l'illustre à merveille.
Invité par une ASBL d'aide à l'enseignement dans le tiers-monde, j'entendis le récit d'une petite communauté au Laos.
Une sœur y a construit de ses mains fragiles (décidées et efficaces, je paraphrase) une école qui recueille les orphelins, en prend soin et les forme jusqu'à l'âge adulte. Il en sort des mécaniciens, des couturières, des universitaires, des gens simples, des gens très formés, tous qualifiés.
La présence de cette communauté a réveillé un village qui s'assoupissait. Elle a repeuplé des montagnes abandonnées des jeunes. Elle a redonné une perspective à une jeunesse jusqu'alors condamnée à crever plus ou moins rapidement de faim.
La sœur laotienne se fait aider par quelques dons (ce sont les entrées économiques). En échange, elle qualifie une main d’œuvre qui, de ce fait, pourra produire une valeur économique énorme (ce sont les sorties, incontestablement plus élevées en terme de valeur que les entrées). Je ne parle pas nécessairement de valeur d'échange mais de valeur économique, de ce qui a de l'intérêt comme ressource pour le foyer.
Au sein du foyer, de la petite communauté, les mécaniciens arrangent les vélos des couturières, les couturières réparent les vêtements des cuisiniers, les cuisiniers se font soigner par un médecin sortie des rangs de la petite communauté. Le médecin va soigner aussi les mécaniciens. Une partie de la communauté s'occupe de cultiver ce qu'il faut pour tous mangent, etc.
Indépendamment de ce qui l'inspire, ce projet montre une économie pratique, une valorisation des qualifications mutuelle. L'humain y a été considéré non comme une ressource mais comme une source de vie et, ce faisant, l'est devenu. La communauté est prospère grâce à une saine pratique de l'économie.