Il est difficile de penser sans un pincement au cœur à ce que doivent vendre nos camarades pour obtenir un salaire.
La prostitution est mise en débat suite à une malheureuse pétition pour le droit de disposer du corps d'autrui.
Du point de vue anti-employique qui est le nôtre, la prostitution est une forme d'emploi. Les relations sexuelles contre argent sont une forme de convention capitaliste du travail.
De ce fait, nous considérons les prostituées comme nous considérons tous les autres producteurs, sans faire la moindre différence. Nous défendons le salaire: nous soutenons le prix des passes et dénonçons la moindre ponction de quelque mac que ce soit comme un vol. Nous dénonçons l'emploi et souhaitons libérer l'activité de son carcan. Dans le cadre de la prostitution, il s'agit de défendre la reconnaissance de la valeur produite par ces productrices, la reconnaissance du salaire, des prestations sociales qu'elles produisent de telle sorte que leur activité soit libérée de la soumission qu'implique le cadre de l'emploi.
Nous dénonçons bien sûr toute prostitution contrainte comme forme d'esclavage, nous condamnons toute violence faite sur ces productrices. Nous nous alarmons des violences physiques, des violences psychiques, des mauvais traitements, des détournements de mineurs, des insultes que subissent nos camarades.
Quant à l'activité spécifique de la prostitution, nous affirmons la qualification des productrices, leur dignité. Nous soulignons l'utilité sociale, humaine, affective, sociale de ces travailleuses. Nous nous battons pour leur liberté parce que notre liberté lui est liée.
Par ailleurs, comme vente de l'intime, des échanges d'affects, des hormones, du contact des corps, la prostitution illustre la nature profonde de l'emploi. Le temps de soumission vendu a toujours quelque chose d'intime, il brusque nécessairement le désir, les aspirations des producteurs.
Ce qu'ils font à l'une d'entre nous, ils le font à chacun d'entre nous.