1. 1920-1935 Guerre au salaire à l'aube de la seconde guerre mondiale
Elle y développe notamment l'histoire du syndicalisme jaune, de la contre-révolution conservatrice de cette époque: il s'agissait d'une guerre au salaire menée tambour battant.
On y disait que les vieux pouvaient bien travailler, que les Français devaient être remis au travail. Tous les cadres - politiques ou syndicaux - qui ont participé à la casse des salaires et des grèves à l'époque se sont évidemment retrouvés dans la collaboration par la suite.
À l'époque comme maintenant:
- Les salaires sociaux sont comprimés. On évoque l'indolence des chômeurs, la nécessité d'équilibrer les comptes (alors qu'ils suffirait d'augmenter les cotisations sociales), le vieillissement de la population et autres fadaises genre la pression de l'étranger, la productivité (dans les années 30, les organes patronaux ont été jusqu'à prétendre que c'était la concurrence de l'URSS qui générait la crise!).
- Les salaires directs sont du coup comprimés. Le temps de travail est allongé et le droit social est vidé de sa substance. Il s'agit de diminuer le salaire, d'augmenter les profits et, de manière générale, de faire la guerre aux producteurs, y compris par des mesures vexatoires, mesquines.
- Les médias, les politiques et les syndicalistes s'entendent à casser les travailleurs-défenseurs de leurs droits sociaux, de leurs salaires. Les syndicats cassent les grèves, ils ne représentent pas les chômeurs (en nombre), les retraités, ils négligent du coup de représenter la partie socialisée du salaire. Médias, politique et syndicalistes parlent du mérite. Ce mérite est défini par la soumission à la logique patronale, à la logique de l'emploi, à la vente du temps humain sous sa forme la plus brute, celle de la vente de la force de travail, à l'utilisation de la vie pour le profit.
- Les structures démocratiques, quoi qu'on en pense, se sont peu à peu vidées de leur substance. Le gouvernement technocratique a peu à peu pris la place de la consultation populaire, jusqu'à appeler de ses vœux la manière forte, jusqu'à être prêt à faire appel à l'étranger pour rétablir l'ordre. Cette fascisation de la société s'est opérée progressivement. Les élites étaient alors prêtes à accueillir les Nazis.
Selon l'historienne, pour empêcher ces tendances mortelles, il faut résister. À partir du moment où la résistance s'universalise, elle devient impossible à réprimer et peut être efficace.
2. résistance ouvrière et collaboration patronale pendant la seconde guerre mondiale (1935-1945)
L'inénarrable Annie Lacroix-Riz nous emmène chez les patrons, finalement apeurés par les victoires russes, chez les ouvriers dans une résistance déjà présente ... en 1939, pour le salaire.
http://vimeo.com/80132812
3. 1945-1975 Création et développement de la sécu dans l'après-guerre
Histoire d'une figure, Ambroise Croisat dans une émission radiophonique: Là-Bas - Ambroise Croizat.
Programme du Conseil National de la Résistance dans une émission radiophonique avec Anne-Cécile Robert: Polémix et la voix off
Sous la menace, sous le rapport de force en faveur des producteurs, la période se distingue par une augmentation des salaires, une augmentation des salaires sociaux, la création de la sécurité sociale et toutes ses branches (chômage, retraites, allocations familiale).
Dans la foulée du programme du Conseil National de la Résistance, il s'agit d'éviter la barbarie nazie, de permettre à toutes et à tous d'accéder à une bonne qualité de vie.
4. depuis 1970 Guerre aux salaires et aux producteurs: Histoire du chômage de Gilles Balbastre
Exergue
" Lorsque le chômage, comme aujourd'hui dans nombre de pays européens, atteint des taux très élevés et que la précarité affecte une partie très importante de la population, ouvriers, employés de commerce et d'industrie, mais aussi journalistes, enseignants, étudiants, le travail devient une chose rare, désirable à n'importe quel prix qui met les travailleurs à la merci des employeurs et, ceux ci, (...) usent et abusent du pouvoir qui leur est ainsi donné. La concurrence pour le travail se double d'une concurrence dans le travail, qu'il faut garder, parfois à n'importe quel prix, contre le chantage au débauchage. Cette concurrence (...) est au principe d'une véritable de lutte de tous contre tous, destructrice de toutes les valeurs de solidarité et d'humanité et, parfois, d'une violence sans phrases."
P. Bourdieu, Contre-feux, Raisons d'agir, 2004, pp. 97-98.
L'histoire du chômage depuis 1965 par Gilles Balbastre. Excellente vidéo, on y apprend que le cap des 500.000 chômeurs sonnerait la révolution en France (ils sont plus de 4 millions), que toutes les mesures d'austérité prises en France depuis quarante ans ont été justifiées par l'emploi. Toutes ces mesures ont évidemment augmenté le chômage puisque c'est le salaire qui permet de réaliser la valeur ajoutée.
Bien sûr toutes les mesures vexatoires envers les chômeurs, les plans de harcèlement rebaptisés 'activation' par euphémisation bureaucratique n'ont eu strictement aucun effet sur le chômage. Mais les salaires ont baissé, les conditions d'emploi se sont dégradées par rapport aux années 60, ce qui était bien le but de cette guerre de classe menée par les riches contre les pauvres.
5. Enjeux actuels - conférence de Bernard Friot
En lien, une vidéo d'une conférence de l'économiste qui dessine l'histoire de la sécurité sociale en France et des enjeux de la cotisation sociale, à voir.
Rosalux - Friot - Enjeu sécurité sociale - cotisations