Mot arabe désignant l'intention. En islam, ce concept désigne le fait de choisir Dieu comme fin ultime ou non, de ne pas avoir d'intention, d'objectif en route qui y soit étranger.
Quand on examine la bonne volonté dans l'acte, on pourrait parler de pureté de l'acte, de détachement, de désintéressement ou encore d'innocence de l'acte. L'acte est jugé à l'aune de son intention: on ne se demande pas si l'acte est damnable ou bon, on se demande quelle est la quête qui fait naître l'acte, après quoi court celui ou celle qui pose l'acte.
Dans le cadre de l'emploi, c'est la mort de l'intention de l'acte. L'intention de l'emploi est celle de survivre sous le joug de l'aiguillon de la nécessité, sous le joug de la misère. Éventuellement (et nous nous en félicitons) l'employé peut trouver une rémunération morale, un auto-accomplissement dans l'emploi mais les actes de l'emploi eux-mêmes n'ont pas de niya, d'intention de la part de celui ou celle qui doit les poser.
Cette réflexion fait ressortir l'aspect déshumanisant et déresponsabilisant de l'emploi. Ceci a comme conséquence que les actes dans l'emploi sont posés par des êtres sans qualités, sans intention, sans aspiration. Ils peuvent se rendre coupables des pires forfaitures sans avoir conscience du problème de la portée de leurs actes.
La niya est liée à la notion de
conscience individuelle et de responsabilité de l'acte. L'emploi prive le subordonné de sa pleine
responsabilité de l'acte, et de mettre en porte à faux sa conscience.
Par ailleurs, l'islam intègre la question de la nécessité dans l'acte. On ne jugera pas un acte commis sous l'aiguillon de la nécessité de la même façon que celui d'un être libre.
Si l'on veut pouvoir poser des actes en êtres libres, si l'on veut pouvoir retrouver l'intentionnalité de l'acte - aussi bonne ou aussi perverse soit-elle - il faut dégager l'acte de l'emploi.
L'emploi est la convention capitaliste du travail qui soumet le travail et ses séries d'actes à l'impératif de la plus-value et de la rentabilité.