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Nom donné aux dix mesures que préconisait l'économiste John Williamson aux États surendetté en 1989.
Ces mesures mises en œuvre à de nombreuses reprises depuis n'ont jamais montré la moindre efficacité.
Par contre, elles luttent très efficacement contre les salaires et les conditions de travail et rendent la main-d’œuvre des pays concernés corvéable à merci. En Europe, ces mesures ont encore inspiré les mesures prises en Grèce, en Espagne mais même en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique ou en France contre la fonction publique et les chômeurs ces dernières années. Elles provoquent indiscutablement une régression économique et un chômage de masse.
Elles sont pourtant toujours défendues par les créanciers internationaux institutionnels tels que le FMI ou la Banque mondiale.
Voici la liste obligeamment livrée par Wikipédia:
1. Une stricte discipline budgétaire ;Dépenser moins contracte les salaires. Ceci induit une crise de surproduction en déprimant la demande (si cette crise est déjà là au moment où se prennent les mesures, elles l'aggravent).
2. Cette discipline budgétaire s'accompagne d'une réorientation des dépenses publiques vers des secteurs offrant à la fois un fort retour économique sur les investissements, et la possibilité de diminuer les inégalités de revenu (soins médicaux de base, éducation primaire, dépenses d'infrastructure) ;En contractant les "dépenses" d'éducation, de formation, de recherche scientifique, ce sont des "investissements" que l'on diminue. En diminuant les investissements, on réduit la capacité économique du pays. Le pays produira moins de valeur ajoutée puisque les travailleurs seront moins qualifiés, seul subsistera le travail sans qualification qui ne génère que très peu de valeur ajoutée. De même, l'abandon des infrastructures publiques obérera le tissu industriel.
3. La réforme fiscale (élargissement de l'assiette fiscale, diminution des taux marginaux) ;Moins de recette par l'impôt, c'est une diminution des salaires réalisés par les fonctionnaires sur le prix des marchandises. C'est également une mesure qui ampute le PIB, qui diminue l'activité économique dans ce qu'elle a de plus intéressant puisqu'elle étête l'activité non capitaliste. Ce genre de mesure pousse les rapports de production à l'avantage des propriétaires lucratifs. Il ne subsiste que la rémunération à la force de travail et l'aiguillon de la misère.
4. La libéralisation des taux d'intérêt ;Cette mesure avantage les créanciers, les propriétaires lucratifs. Les plus riches sont certains de s'enrichir mais, globalement, le tissu économique du pays s'anémie.
5. Un taux de change unique et compétitif ;Cette mesure prive les États endettés d'un levier précieux pour rétablir la balance du commerce extérieur: la dévaluation. La valeur de l'argent est maintenue à tout prix, surtout au prix du chômage (la politique de chômage optimal s'appelle le NAIRU). Les pauvres paient la valeur de l'argent, ils sont privés de tout salaire et de toute voix au chapitre économique.
6. La libéralisation du commerce extérieur ;Tous les États endettés qui s'en sont sortis ont dû passer par le protectionnisme. Cette libéralisation du commerce extérieur est simplement criminelle. Elle empêche en tout cas durablement toute reprise économique et permet aux pays en pleine santé économique de conserver des débouchés pour leur production avec un partenaire commercial complètement sonné.
7. Élimination des barrières aux investissements directs de l'étranger ;Très en phase avec le libéralisme débridé des autres mesures, cette mesure assume implicitement que c'est l'investisseur qui crée la richesse, que c'est lui qui fait tourner l'économie alors qu'il en accapare la richesse. Rappelons que des États-Unis à la Chine en passant par la Grande-Bretagne ou la France, toutes les puissances économiques se sont construites en protégeant leurs frontières.
8. Privatisation des monopoles ou participations ou entreprises de l'État, qu’il soit — idéologiquement — considéré comme un mauvais actionnaire ou — pragmatiquement — dans une optique de désendettement ;C'est surtout la fonction publique qui est attaquée par cette mesure. L'idéologie qui se cache derrière, c'est le refus d'une forme alternative, d'une forme non-capitaliste de la marchandise. Seuls doivent subsister les propriétaires lucratifs, le marché de l'emploi, la rémunération à la force de travail. Le XIXe avec ses crises croissantes en importance et en fréquence, le XIXe et ses rentiers grassouillets.
9. La déréglementation des marchés (par l'abolition des barrières à l'entrée ou à la sortie) ;L'avantage de cette mesure, c'est qu'il ne lui faut que quelques années pour aboutir à des krachs financiers apocalyptiques. Là dessus, qu'ils se débrouillent, qu'ils ferment la bourse, cela nous est tout à fait égal.
10. La protection de la propriété privée, dont la propriété intellectuelle.Ces mesures impliquent une adhésion sans réserve au libéralisme comme type de (non) régulation de l'économie alors que cette doctrine économique a été remise en cause sans démenti depuis le milieu du XIXe. La seule chose qui ait permis au libéralisme de survivre, c'est l'augmentation régulière, obtenue par la lutte, des salaires. Or, c'est précisément ce que sapent ces mesures.