Les Nana Benz sont des entrepreneuses audacieuses et innovantes au Togo. Elles se sont lancées dans la fabrication de pagne dans les années 80 et ont fait fortune, achetant au passage les véhicules de prestige de la marque allemande qui ont fait leur surnom.
Puis la concurrence, la politique de l'offre a cassé leur marché. Des compétiteurs se sont installés dans des pays à moindres salaires et ont cassé les prix, mettant fait à la success story africaine.
Ce que raconte cette histoire, c'est que, contrairement aux légendes urbaines libérales, l'initiative et l'esprit d'entreprise ne suffisent pas à construire des fortunes puisque la mise en concurrence avec des entreprises qui reprennent l'idée de compétiteurs et se bornent à exploiter davantage leur main-d’œuvre sonne le glas de l'entreprise dynamique.
Moralité: ce n'est pas le plus inventif qui gagne dans le système capitaliste, ce n'est pas celui qui "sait trouver les bons marchés" qui fait fortune. C'est celui qui pille les bonnes idées et esclavagise les producteurs.
Extrait de la page facebook sur cette histoire (ici):
Si l’économie du Togo a été plus ou moins florissante, les Nana Benz ont joué un rôle assez capital dans les années 70-80. En effet, elles avaient pratiquement eu le monopole sur la vente de fameux tissus Wax dans toute la région ouest de l’Afrique et leur activité représentait environ 40 % des affaires commerciales du Togo. Selon certaines enquêtes, ces femmes même si elles étaient pour la plupart des analphabètes, faisaient un chiffre d’affaire qui oscillait entre vingt et cinq (25) et quarante (40) millions de francs Cfa.
Leur savoir faire avait fait de Lomé, un véritable centre régional de distribution du textile euro-africain avec des entrepreneurs spécialisés en la matière. Il était facile, dans le temps, de remarquer des allers-retours à la frontière de Hilacondji et d’Aflao juste pour s’approvisionner en pagnes chez les célèbres Nana Benz.
Dans la nuit des temps, elles représentaient vraiment une puissance économique proposant en exclusivité, des pagnes ou tissus imprimés fabriqués en Hollande, appelés «Super Wax» et un autre dénommé «Wax hollandais». Elles ont d’ailleurs été les toutes premières à introduire dans le pays, les grosses cylindrées allemandes Mercedes Benz alors que le Togo n’en disposait pas dans son parc automobile. D’où le nom ‘Nana Benz’. Elles en étaient sans aucun doute fières.
Dans la perspective de maintenir le monopole sur la vente des tissus pagnes Wax et leur pouvoir socioéconomique, elles s’étaient regroupées au sein de l’Association Professionnelle des Revendeuses de Tissu (APRT), la seule reconnue à l’ère du Président Eyadéma.
Acheter une Mercedes Benz à l’époque, était réellement un signe extérieur d’aisance ou de réussite financière et sociale. Leur base commerciale était Lomé, avec le marché d’Adawlato comme pôle. Les gens du troisième âge attestent que leurs Mercedez étaient d’ailleurs assez sollicitées pour les grands sommets de chef d’Etat et de gouvernement.
Il leur avait été aussi, beaucoup reproché de s’être mêlées à la politique pour conserver leurs intérêts personnels. En effet, elles se sont adonnées à une logique d’instrumentalisation en se prêtant à la propagande du Président Eyadéma en échange d’avantages fiscaux qui a aussi contribué à leur enrichissement croisant.
Seulement, l’empire des Nana Benz connaît son apogée même si des Nanettes (les petites Nana) tentent bon gré mal gré, de relever le défi. Elles se sont vues contraintes de faire face à la récession en Afrique occidentale, à la crise sociopolitique qu’a connu le Togo au début des années 1990, un coup renforcé quatre ans plus tard par la dévaluation du franc Cfa et la dégradation du pouvoir d’achat des togolais. Comme pour exemple, la demi-pièce de 4,50 mètres de super wax qui se vendait à 45 000 francs CFA par les Nana, étaient ramenés à 5000 FCFA par les contrefacteurs. Les togolais, vu leur niveau de vie, ne pouvaient que se rebattre sur les ‘faux’.