Pour les propriétaires, l'entreprise est un ensemble d'actionnaires, c'est une direction et une marque, ce peut être un portefeuille d'actifs (et de passifs).
Quand Hollande ou Michel entendent aider l'"entreprise", c'est de cette définition de l'entreprise qu'ils partent, c'est de la définition de l'entreprise des actionnaires. Ils entendent aider les actionnaires, les propriétaires à faire des dividendes, à augmenter leurs profits au nom de l'emploi.
Pour ce faire, on baissera les salaires (socialisés et individualisés), on baissera les impôts acquittés par l'entreprise (ce sont alors les crédits d'impôt ou les intérêts notionnels, en Belgique), on financera les cotisations par le contribuable ou par les caisses de sécurité sociale elles-mêmes.
Tous les contrats d'emploi à sous-statut, tous les contrat aidés entrent dans cette catégorie d'aide aux actionnaires définis comme "entreprise".
L'ensemble des médias mainstream reprend cette acception actionnariale de l'entreprise. C'est sous cette acception que la LSO (la lingua servitutum officiorum, la langue de l'emploi) utilise le terme.
Mais, du point de vue des travailleuses, des travailleurs (qu'ils soient affligés d'un emploi ou non), l'entreprise, c'est tout autre chose.
Ils sont usagers de l'entreprise et cet usage définit un temps passé dans l'entreprise à construire avec un collectif de travail des biens et des services concrets. C'est en ce sens-là que les ouvriers en grève arborent des drapeaux frappés du logo de leur entreprise alors qu'ils ont de bonnes raisons d'être furieux contre les actionnaires de leur entreprise: ils font allusion à ce temps passé ensemble à réaliser des choses concrètes. Ils font allusion au collectif de travail et, quand ils se battent contre une fermeture d'usine, ils se battent pour
- conserver le collectif de travail qui les construit
- conserver le salaire qui les reconnaît comme producteur économique.
De notre point de vue, ces objectifs louables gagnent à se passer d'employeurs et d'actionnaires.