Avant toute chose, il convient de rappeler que le chômeur et le fonctionnaire créent le salaire socialisé qu'ils touchent.
Pour comprendre ce qu'est le salaire social, rien de tel qu'une
petite expédition outre-Atlantique, au pays des hamburgers, de Mother
Jones, du soda, de la route 66 et ... sans salaire social.
Tout d'abord un article
nous parle des 1,3 millions de salariés de Walmart qui gagnent moins de
25k$ par an. Cela fait 18.500€ par an ou un peu plus de 1.500€ par
mois. Pour un Européen, cela fait un salaire chiche mais, tout de même,
1.500€ par mois, il y a moyen d'y arriver.
Sauf
que, aux États-Unis, il n'y a pas d'assurance chômage dans ce salaire,
pas (ou peu) de retraite, pas d'assurance maladie. Pour avoir droit à
ces différentes prestations, le salarié états-unien doit prendre sur son
salaire poche et en retirer de substantielles cotisations auprès
d'assurances privées. Ces assurances privées prennent d'importantes
commissions, ce qui les rend plus chères (et/ou moins efficace en terme
de couverture) que la sécurité sociale publique française, allemande,
belge ou néerlandaise.
L'assurance chômage-invalidité
est impayable mais, pour une assurance-santé aux États-Unis, il faut
compter plusieurs centaines d'euros par mois et, surtout, les
prestations en cas de maladie sont très aléatoires (les assurances
cherchent la petite bête pour ne pas devoir indemniser les frais de
santé). De ce fait, sans assurance-santé comprise dans le salaire, les
1.500€ deviennent un salaire individuel très insuffisant.
Il y a également le problème des retraites (reportage vidéo de France 2).
Certains employeurs négligent de cotiser à une caisse de pension,
d'autres se bornent à proposer une retraite par capitalisation. Les
retraites par capitalisation disparaissent au premier coup de bourse
venu de sorte que les retraités se retrouvent ... au travail.
Le
salaire social, c'est cette différence. En Belgique, les salaires
représentent à peu près 250 milliards. Sur ces 250 milliards, 90 sont
consacrés à la sécurité sociale, soit un peu plus du tiers. S'il fallait
que les salaires dont nous parlions cotisent pour avoir le même niveau
de prestation qu'en Belgique, ils devraient y être amputés d'un peu plus du
tiers et se retrouveraient donc avec un revenu poche ... de moins de
1000€. Si on ajoute que ce sont des sociétés privées qui prennent en charge la sécurité sociale, il faut encore retirer 15% de marge à ce chiffre (soit 15% de 500€, 75€), le salarié se retrouve avec l'équivalent européen d'un peu plus de 900€ par mois - un salaire effectivement insuffisant pour vivre.