S'investir dans quelque chose, dans un projet, c'est donner de sa personne, de son énergie, de son temps. Ce type d'investissement permet de donner un prix à un projet, de se montrer généreux ou de consacrer l'importance de ce dans quoi l'on s'investit. Rien à voir avec de la cupidité a priori.
- Économie
L'investissement en économie est un placement de capital dans un outil de production pour en retirer du profit. L'investissement permet de maintenir la productivité de l'outil de production face à la concurrence. Comme la valeur ajoutée se distribue entre les profits, les salaires et l'investissement, ces placements économiques sont tournés vers les profits à terme au détriment des salaires et des profits immédiats.
- Propriété
L'investissement est un vol puisqu'il s'agit d'un mode d'accaparement de la valeur ajoutée produite par les travailleurs. L'investissement devient propriété du propriétaire lucratif de l'outil de production, de l'actionnaire alors que la valeur ajoutée est produite par les producteurs.
- Démocratie
Comme les producteurs sont exclus du contrôle et des décisions sur cette partie de la valeur ajoutée qu'ils produisent. Ils demeurent mineurs économiques, exclus de toute démocratie dans leur entreprise alors qu'ils produisent les investissements.
L'absence de contrôle des investissements par les producteurs empêche toute considération de leurs intérêts propres, à savoir, la qualité des conditions de travail, la préservation des ressources naturelles communes ou la préservation de la santé psychique et physique des producteurs.
- Surproduction
La crise de surproduction diminue l'intérêt de l'investissement ce qui, combiné à la déflation salariale, anémie la demande. Les industries diminuent leur demande en même temps que les individus - les investissements privés sont donc pro-cycliques, ils renforcent le caractère cyclique de l'économie, augmentent l'amplitude des crises.
- Inflation
Selon Friedman, toute dépense génère de l'inflation. Ce point de vue fait l'impasse sur le temps long de l'économie. Il révèle un rapport de culpabilité avec toute dépense d'argent puisque, dans son modèle, toute dépense génère de l'inflation, quelle qu'elle soit. Cette vision ne survit pas à un examen un peu minutieux.
Prenons un exemple. Si j'isole mon toit, je vais dépenser de l'argent. Cette dépense va faire pression sur l'offre et la demande: elle augmentera la demande sans augmenter l'offre et aura tendance à augmenter les prix. À terme, l'isolation du toit va déprimer ma demande de gaz, ce qui poussera les prix vers le bas.
Nous distinguerons les dépenses et les investissements. Les dépenses sont des investissements inflationnistes et les investissements sont des dépenses déflationnistes.
- Les investissements
Les investissements peuvent être de deux types.
- Des dépenses qui vont réduire les dépenses futures, la demande future.
Ces dépenses vont donc à terme contracter la demande, ce qui poussera les prix vers le bas. Il peut s'agir d'investissement dans les entreprises pour rendre l'outil de production plus performant, moins gourmand en énergie; il peut s'agir d'investissement de particuliers pour économiser leur consommation ou il peut s'agit d'investissements publics dans des infrastructures.
- Des dépenses qui vont augmenter la production de valeur future, l'offre future.
Il s'agit alors d'améliorer la productivité d'un outil de production. Pour un particulier, il peut s'agir de l'acquisition d'un moyen de transport qui lui permette de travailler plus loin (et avec un meilleur salaire). Pour la collectivité, les dépenses qui vont le plus augmenter la valeur ajoutée produite seront les soins de santé (qui rendront les travailleurs plus efficaces); l'enseignement et l'éducation (dans la mesure où ils correspondent à une augmentation des qualifications individuelles et non à une conformation à des postes, ce qui n'augmente pas la valeur ajoutée).
Il importe effectivement de considérer les acquis de qualification individuelle comme les seuls capables de créer de la valeur ajoutée hors augmentation du temps de travail.
- Les dépenses
Nous définirons par contre les dépenses comme des acquisitions économiques inflationnistes.
- Les infrastructures de transport augmentent la mise en concurrence des producteurs.
Avec la concurrence accrue, la valeur ajoutée créée par unité de temps de travail diminue. Comme la valeur ajoutée globale diminue sans que la demande ne diminue, les prix auront tendance à augmenter.
- Les très hauts revenus vont être consacrés à des dépenses somptuaires.
Celles-ci vont consommer énormément d'énergies non renouvelables - ce qui est inflationniste - et mobiliser la machine économique à des tâches ponctuelles dans une destruction dans un sacrifice rituel, dans un potlatch. Ces dépenses augmentent la demande brutalement sans générer la moindre offre et sont donc inflationnistes.