Le patron s'occupe alors du logement, de la nourriture, des infrastructures de sport, de loisir pour et à la place des ouvriers eux-mêmes.
- Les bons patrons et les bons ouvriers
Les patrons éclairés s'inquiètent que les ouvriers aient accès à la bonne presse, aux bons livres. Le ton patronal condescendant, l'attitude mentale de celui qui se présente comme celui qui sait mieux que l'ouvrier, que l'employé, ce qui est bon pour lui, correspond en tous points à l'attitude des commentateurs médiatiques mainstream. Ils savent - même s'ils se trompent plus que les météorologues - ils expliquent, font preuve de pédagogie et s'inquiètent du fait que les électeurs votent bien, que les citoyens aient les bonnes convictions, que les travailleurs respectent bien les actionnaires, etc.
Le patron paternaliste peut offrir des services à ses employés, il peut prendre en charge les nécessités de leur existence à leur place. La gratuité des services offerts aux ouvriers dédouane l'employeur de toute responsabilité quant au niveau du salaire ouvrier. Ce sont les cités ouvrières idéales, les magasins ouvriers, etc.
Mais le fait que le patron s'occupe de ses ouvriers peut aussi permettre un juteux retour sur investissement. Si les ouvriers sont payés en bon à valoir au magasin appartenant au patron, ils dépensent leur paie ... chez le patron au prix que demande le patron.
Le paternalisme s'impose comme mode de gestion des entreprises high tech. La société offre des soirées, des crèches, des écoles gardiennes, des prestations et des avantages en nature de toute sorte pour fidéliser ses employés à haute valeur ajoutée. Cette technique de gestion du personnel est pourtant aussi vieille que le capitalisme.
- Le truck system
Cette expression anglaise vient du mot français 'troquer' (et n'a rien à voir avec un 38 tonnes).
C'était une pratique des patrons paternalistes aux XVIIIe et XIXe siècles. Plutôt que de payer leurs ouvriers en argent, ils les indemnisaient en nature ou en jeton.
Les jetons ne pouvaient être utilisés que dans les magasins qui étaient propriété de l'entreprise. Avec ces jetons, les ouvriers payaient leur logement, leur alimentation ou leur charbon ... à des prix prohibitifs puisque les magasins d'entreprise étaient en situation de monopole de facto, les ouvriers étaient non seulement des travailleurs exploités mais en plus des consommateurs captifs.
En Angleterre, les ouvriers dépensaient alors leur paie dans des Tommy Shop, les magasins de l'entreprise.
