Ceci a comme conséquence que les petits producteurs touchent moins que les gros avec lesquels ils sont en concurrence. Ces petits producteurs sont également poussés à s'équiper en machines agricoles pour pouvoir tenir le choc de la concurrence des gros - tout le monde étant subventionné, rappelons-le, à l'hectare. Une ferme de 10.000 hectares, industrielle à souhait, aura donc 200 fois plus de subventions qu'une petite exploitation biologique de 50 hectares.
Inutile de dire que, entre l'endettement pour s'équiper et la concurrence plus grosse mieux subventionnée, les petits producteurs paysans ont disparu par millions en Europe. Ceux qui demeurent - et ce quelle que soit leur taille - ont été convertis en travailleurs endettés pour les banques et en chasseurs de primes européennes.
Dans ce contexte, le recours à la main d’œuvre saisonnière sous-payée devient inévitable (voir notre article sur le sujet).
Nous appelons au salaire paysan, indépendant de toute prestation, à la fin des subventions aux grosses exploitations (le paysan le mieux subventionné d'Europe, est ... la reine d'Angleterre). Nous appelons à extraire l'agriculture et les paysans de la logique de l'emploi, de la plus-value, de l'industrie, des banques.
Nous appelons à la fin de la politique productiviste, tournée vers le profit en agriculture et nous appelons à la valorisation des savoirs-faire, des qualifications paysannes traditionnelles ou non.
Nous croyons en la richesse, en l'indépendance des paysans, producteurs agricoles, nous espérons que la transition énergétique, vitale dans ce secteur, pourra se faire par le salaire, par la libération de la créativité paysanne.
Note sur la transition énergétique: pour citer Wikipédia,
La notion de transition énergétique désigne le passage du système énergétique actuel utilisant des ressources non renouvelables vers un bouquet énergétique basé principalement sur des ressources renouvelables ; ceci ne sera possible que par le développement de solutions de remplacement des combustibles fossiles et des matières radioactives (uranium, plutonium), qui sont des ressources limitées et non renouvelables (à l'échelle humaine). La transition énergétique prévoit leur remplacement progressif par des sources d'énergies renouvelables pour la quasi-totalité des activités humaines (transports, industries, éclairage, chauffage, etc.).Dans le cadre de l'agriculture, la fin du pétrole signifie une diminution de la mécanisation et la fin des intrants - engrais et pesticides - actuellement utilisés par l'industrie agricole.
En permaculture, on arrive, dit-on, à des productions intéressantes en qualité et en quantité moyennant un investissement en temps au départ. Il y a là un domaine de recherche à explorer.
En lien, un article sur les enjeux de la PAC en France pour la conf'.
Conf' - Actu PAC
Un article sur les enjeux de la concentration des terres agricoles en Belgique par Financité, ici.
Cet article pose le problème en terme d'emploi, ce qui est une voie sans issue du point de vue paysan, il faut plutôt le poser en terme de salaire et de qualifications paysannes selon nous: les grosses exploitations seront toujours plus intéressantes en termes d'emploi, elles donneront toujours plus de produits à valoriser à l'exportation, elles permettront des économies d'échelle face à la concurrence internationales, etc. Cette logique de l'emploi est précisément ce qui pousse à grandir les exploitations pour en augmenter la compétitivité (ce que fait le monde entier, rendant les gains de compétitivité nuls).